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Histoire des Lip. (1/4) Préliminaire : comme les Lip, serions-nous acculés à la radicalité ?

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Nous allons nous atteler à un devoir estival en faisant retour sur l'histoire récente du mouvement ouvrier et, présentement, sur le plus beau des fruits de mai 68.

Il s'agit du combat des Lip, qui enthousiasma une génération et leva un gigantesque mouvement de solidarité dans toute la France.

Le « On fabrique ! On vend ! On se paie ! » (slogan des Lip), repris actuellement, selon des formulations propres à chaque pays, fait bien écho aux luttes radicales actuelles. Pour mener, aujourd'hui, ce combat, notre combat, il est nécessaire d'examiner ce passé pour ne pas se tromper de lutte aujourd'hui .

Histoire des Lip. (1/4) Préliminaire : comme les Lip, serions-nous acculés à la radicalité ?

Dans le courant de l'année 2009, j'ai fait visionner à des salariés le documentaire « Lip, l'imagination au pouvoir » en toute illégalité, sur leur lieu de travail, sur leur temps de travail et, pour couronner le tout, en dehors des appareils syndicaux.

Il serait plus difficile, voire impossible de réitérer, actuellement, une telle action.

Les salariés ont été touchés par cette expérience. Chez certains, elle fit germer une nouvelle conscience politique.

Ce documentaire leur a fait comprendre de l'intérieur, comment, dans le processus d'un conflit, les institutions et les appareils se font bousculer. Comment, conjointement, des gens, que l'on imagineraient pas, qui, jusque là, se montraient effacés, dociles, voire rétifs aux formes de lutte habituelles, bref, comment dans ce processus d'actions collectives ces gens se sont transformés.

Histoire des Lip. (1/4) Préliminaire : comme les Lip, serions-nous acculés à la radicalité ?

C'est donc possible et c'est enthousiasmant !

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Prise de vue préliminaire

En 1973, Les Lip n'avaient pas conscience de se trouver dans une période charnière.

En fait, coincé entre la fin des « Trente Glorieuses » et le début de ce qu'on allait bien plus tard appeler les « Trente Piteuses » (que nous définirons la prochaine fois), leur combat exemplaire a essuyé les premières salves du libéralisme 'nouveau' émergeant.

C'est peut-être ce contexte âpre, ainsi que la proximité temporelle avec « Mai 68 », qui a fait prendre, à ce mouvement, sa coloration radicale et alternative.

En 1973, dans les conditions socio-économique que nous verrons, le capitalisme avait décidé, qu'à partir de maintenant, il ne lâcherait plus rien. Devenu conquérant, le rouleau compresseur libéral s'est mis en marche et rien ne l' a arrêté.

Non seulement ce capitalisme ne lâchera plus rien, mais dans sa logique, il préférera crever plutôt que de lâcher quoi que ce soit.

Ce capitalisme nous considère tous uniquement, que comme des coûts inacceptables, insupportables, dont il faut se débarrasser par tous les moyens.

Ce qui n'empêche pas aujourd’hui, ce capitalisme financier, pour l'appeler par son nom, de se trouver dans un état d'agonie perpétuelle.

Histoire des Lip. (1/4) Préliminaire : comme les Lip, serions-nous acculés à la radicalité ?

En quelque sorte, il n'a pas le choix et pour cette raison, ce capitalisme financier nous fait payer au prix fort sa survie quotidienne. Et plus les désastres de sa politique font de dégâts, plus ce système s'acharne sur les coûts que nous serions, estimant qu'intrinsèquement nous en sommes la cause à éradiquer.

Au-delà de la dimension ségrégationniste et destructive de l'environnement, cette logique est homicide autant que suicidaire, d'où l'appellation, qui en a surpris beaucoup, de capitalisme financier en phase kamikaze (l'illustration de Glurps pour représenter ce capitalisme était parlante).

Histoire des Lip. (1/4) Préliminaire : comme les Lip, serions-nous acculés à la radicalité ?

Nonobstant que nous sommes bien obligés d'admettre, qu'in fine, ce capitalisme a gagné aujourd'hui la première bataille culturelle ; dans ce cadre, il devient compréhensible que nos luttes, depuis trop longtemps cantonnées à la défensive, n'aient fait que jalonner nos échecs (la question de la retraite depuis les années 90 est exemplaire).

À chaque fois nos adversaires reviennent à la charge, poussant le bouchon toujours toujours plus loin, à chaque fois nos victoires à la Pyrrhus entérinent nos reculs et démoralisent davantage les nôtres, qui ne supportent plus la langue de bois, les actions n'allant pas au delà de la posture du coup de menton suivies de victoires en trompe-l’œil et d' amères lendemains de gueule de bois.

Histoire des Lip. (1/4) Préliminaire : comme les Lip, serions-nous acculés à la radicalité ?

De recul en recul, nous seront bientôt complètement dépouillés socialement .

Le slogan, en apparence combatif, « le patron doit payer » est devenu dans ce contexte obsolète. dans cette situation de crise, de concurrence et de chômage, le patronat considère qu' il n'est pas sérieux d'augmenter les salaires et de concéder quoi que ce soit.

Histoire des Lip. (1/4) Préliminaire : comme les Lip, serions-nous acculés à la radicalité ?

La poignée de syndicalistes réalistes, qui ne sont pas descendus dans la rue le 1er mai, ont tenu le même type de discours à Reims, lors du sacre de l'ANI au mois de mai dernier.

Dans son agonie permanente, le patronat estime qu'il ne peut plus concéder le moindre dû aux ''travailleurs/coûts'', selon leur optique.

Travaillez plus !

Acceptez des émoluments rachitiques ! Soyez compliants ! Que diable !

Vous aurez peut-être le privilège, la grâce d'espérer conserver un bout d'emploi précaire et flexible.

Car vu la conjoncture et l'ANI retranscrit aidant, le patron ne peut pas, dit-il. Ce n'est pas un monstre, il pourrait, par contre, dans ces conditions être pire. Rajoute-t-il.

Ouf ! Encore une chance !

Histoire des Lip. (1/4) Préliminaire : comme les Lip, serions-nous acculés à la radicalité ?

In fine, si le patron vire les salariés, puis ferme la boîte, la réponse pragmatique ne tardera pas à claquer :

«Eh bien ! C'est le patron qui doit dégager et nous on peut !! ».

C'est-à-dire « Le capitalisme agonise ? Achevons le ! Prenons nous-même nos affaires en main ! ».

Il veut nous dépouiller de tout ! Eh bien ! Prenons tout et organisons-nous collectivement !

C'est le schéma des Lip, mais que l'on retrouve dans toutes les luttes radicales en tous lieux et en tous temps. Pendant la commune, la terminologie ''entreprises récupérées'' a été employée et l'autogestion, même si le mot n’existait pas, mise en pratique.

Cette prise de vue préliminaire nous a donné un axe de travail. Nous avons un peu entrevu, que les Lip se sont heurtés, en 1973, au début de l'établissement de ce capitalisme financier. Maintenant nous sommes face à un système bien en place et qui, de surcroît a gagné la première bataille culturelle.

Mais avant d'examiner, avec les Lip, leur combat, nous explorerons la prochaine fois, l'époque charnière où cette lutte a germé et peut-être le fonctionnement de ce capitalisme.

Ce qui devrait nous permettre de mieux comprendre et de réaliser quel genre d'adversaire nous devons affronter et pourquoi les Lip ont été vaincus, malgré l'ampleur de la solidarité.

Les raisons de cette échec de Lip, malgré un combat et une expérience exemplaire, sont aussi internes au Lip et à certains de leurs impensés, qui les ont empêchés d'aller jusqu'au bout de leur logique. Nous examinerons cette question bien plus tard.

Histoire des Lip. (1/4) Préliminaire : comme les Lip, serions-nous acculés à la radicalité ?

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Bon courage pour la mobilisation et l'attaque générale !

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Théo DUCHON

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Nous nous excusons du silence causé par de gros problèmes d'ordinateur en cascade depuis plus de 10 jours. Des notes, des documents et une première partie dactylographiée de 11 pages sur les Lip ont été irrémédiablement perdus, engloutis dans le nirvana électromagnétique. Ce qui est fait présentement est assez différent.

Tag(s) : #Lip, #Autogestion, #Histoire
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