Le capitalisme a ceci de particulier qu’il traverse régulièrement des crises, pour certaines profondes. L’un des moyens
par lesquels ce système surmonte ces crises est la financiarisation de domaines de la vie sociale, qui jusque-là échappait à la logique de la marchandise. Par exemple les services publics, ou
aujourd’hui, la nature, nouvelle source de profits capitalistes. Dans cette présentation, Razmig Keucheyan interrogera les rapports entre le capitalisme et la nature. Il évoquera des auteurs
issus de la tradition marxiste (par exemple le géographe David Harvey) qui nous fournissent des outils pour comprendre ce rapport. Enfin il nous présentera également un ensemble d’instruments
financiers créés au cours des vingt dernières années – les obligations catastrophe, les dérivés climatiques – qui permettent au capitalisme de faire des profits sur le dos du changement
climatique. Finance et nature sont en ce sens aujourd’hui de plus en plus liées.
La financiarisation de la nature
Razmig Keucheyan est sociologue. Il est maître de conférences en sociologie à l’Université de
Paris-Sorbonne (Paris IV). Il est l’auteur de Hémisphère gauche. Une cartographie des nouvelles pensées critiques (Zone, 2010) et d’Une anthologie des Cahiers de prison d’Antonio Gramsci, Guerre
de mouvement et guerre de position (la Fabrique, 2012).