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Naissance d'un mouvement fasciste de masse ?

 

 

Serions-nous témoin de l'émergence d'un embryon de mouvement de masse fasciste ? Dans la période que nous vivons, il nous faut être en alerte et ne pas banaliser les symptômes sociaux désagréables. Cette article est parallèle à celui qui traitait de la « Manifestation hier organisée par Frig... »

 

 

Le matin du dimanche 24 mars, dans le métro, des annonces étaient faites, dès 9h du matin, pour prévenir qu'un certain nombre de stations n'étaient pas accessibles au public. L'annonce avait toutes les apparences d'un appel incessant et complaisant à manifester contre le mariage pour tous.

 

 

Le soir en regardant sur internet, quelle ne fut pas ma surprise en apprenant que le parcours avaient été jalonnés par des écrans géants. La foule pouvait ainsi contempler, à chaque instant, l’ampleur de sa force et se sentir galvanisée, renforcée par cette image renvoyée d'elle-même.

 

 

Au moins 8000 volontaires avec des tee-shirts rouges-fuchsias marqués du logo de cette manifestation remplissaient la mission de canaliser la foule. Des ballons et drapeaux colorés à profusion, quasiment pour chaque manifestant.

 

 

En regardant un diaporama de cette manifestation, j'ai vu notamment un homme d'une cinquantaine d'année brandissant une pancarte composée de six poings fermés et levés de façon révolutionnaire. Trois peints en rouge, deux en bleu et un en blanc. Le détournement de symbole est flagrant, d'autant plus que, sur la pancarte, était écrit un slogan pour l'emploi. Même le « on lâche rien » a été entendu et repris dans la foule.

 

 

Un des slogans, écrit sur leurs tracts et martelé pendant la manifestation, associait l'emploi et Taubira : « On veut des emplois ! Pas de loi Taubira ! ». Des slogans contre l'ANI ont également été lancés. Ce qui rejoint parfaitement les manœuvres actuelles ''facho-marinesques''.

 

 

Parodies, détournements, confusion des genres, happening... Cela sentait fort la peste émotionnelle. Celle-ci s'épancha visiblement l'espace d'un moment sous la forme d'une tentative de débordements faussement spontanés pour occuper les Champs-Élisées. Un affrontement de cent à deux cents manifestants avec les forces de l'ordre s'en suivit. Face à cette morgue haineuse de classe, la police s'est probablement dit : « hé bien ! On préfère avoir à faire aux gauchistes ! ».

 

 

Cette manifestation a été particulièrement bien organisée et avec de gros moyens financiers. La pasionaria, l'égérie qui fédère ce mouvement protéiforme, c'est Frigide Barjot (nom d'artiste). Les églises n'ont pas peur de ses apparats fuchsias et de son registre, qui couvre un grand nombre de stéréotypes ''féminins'', de la mère, de l'ingénue à la sulfureuse créature. La dame est faussement libérée et ne porte surtout pas de convictions émancipatrices.

 

 

Elle rassemble autant la ménagère bigote, que la catholique dynamique moderne ; les mâles de civitas prêts au coup de force, que des travailleurs en manque de repères (pour l'instant, ces derniers sont fort heureusement minoritaires) ; autant les familles traditionnelles avec enfants que les familles ''modernes''. Cette manifestation était largement paritaire, ce qui devrait nous alarmer.

 

 

Il serait dommageable de sous estimer madame Barjot ou de la prendre pour une inoffensive bécasse. Elle a fait science-po. Son mari , dont le nom d'artiste est Basile (Basileus en grec veut dire Roi) de Koch (sans doute par hommage au bacille de Koch, connu pour porter les dégâts de la tuberculose ; métaphoriquement le Roi de la peste ?) est journaliste à « valeurs actuelles ». Les deux font la paire.

 

 

Elle a participé avec son mari à la tâche de lisser l'image du RPR et d'écrire les discours de Pasqua. Constamment en lien avec les milieux fascistes et catho-traditionnels voire intégristes, cette personne du genre Mrs Hyde estime Jean-Marie Le Pen. Elle le considère comme un grand jouisseur et ''baiseur'' devant l'éternel, c'est dire.

 

 

Combien de virées avec la Jaguar de son père et de sorties dans les boîtes huppées et gay de Paris, où il lui est arrivé de faire des parodies de mariage homo ? Certains de ces ex-compagnons de cuite sont fâchés des dernières prestations de Mme Barjot. Encore une pauvre petite fille riche cabossée par sa vie familiale mouvementée et dissolue.

 

 

Frigide Barjot, son nom résume à merveille ce qu'elle est. Mais, son côté déjanté lui donne la possibilité de surfer sur les représentations sociales et de servir d'écran, où les gens peuvent à loisir projeter des images et soulager l'espace d'un instant leurs frustrations.

 

 

La malicieuse sait en jouer. C'est ce côté magique et ce phénomène de masse, qu'elle chevauche avec brio, qui devraient nous inquiéter. Car, si on y ajoute les ressources de ses réseaux et sa force de frappe logistique, elle est redoutable. Si j'étais Marine, je m'en préoccuperais vite.

 

 

 

Notre réponse ne peut pas se situer dans une surenchère sociétale. Ce n'est pas le cœur de notre programme. Cette dame et son mouvement nie la lutte de classes et s'appuie sur quelque chose s’apparentant à l'ordre social naturel.

 

Dans l'article précédent (« Manifestation hier organisée par Frig... »), vous avez vu une militante, qui poussait la logique ''biologisante'' jusqu'à récuser l'adoption en général. Cette démarche amène à ce qu'un enfant non marqué du sceau de parentés biologiques, puisse être littéralement une tache, un péché. Vous imaginez où cela peut conduire.

 

 

Notre créneau, c'est la clarté et la radicalité, mais surtout pas les manifestations de masse, qui se contenteraient d'agiter un nom et des drapeaux et de déclamer des slogans au pas cadencés. Ce dernier terrain n'est pas le notre. Loin d'être émancipateur, il est susceptible dans sa forme et sur des fragments de sa phraséologie d'être source d'inspiration du fascisme et terreau fertile des capitalismes d’État à feuilles de vignes rouges. Notre terrain, c'est la lutte de classes, l'éducation populaire et l'émancipation.

 

 

La clef se trouve dans les radicalités, qui émergent dans les luttes actuelles. La lutte éduque et émancipe. Les travailleurs ne s'arrêtent plus au problème de la conservation des emplois, mais se posent la question du comment et du pourquoi produire. Par la vision globale, qu'ils développent, ils découvrent l'écologie et le féminisme (Fralib). La démocratie sous sa forme représentative et méritocratique est susceptible d'être questionnée dans le même mouvement. Ces questions sont évoquées dans les articles à propos de l'appropriation sociale, dans la rubrique événements. On peut également trouver des éléments de réflexion dans les avant propos des feuilletons des accords du MEDEF-Pas-Tout-Seul.

 

 

Toutes ces questions mériteraient d'être approfondies. Nous aurions dû évoquer le ''social autoritarisme'' (très actuel) et la question de l’État. Mais le risque de vous fatiguer et d'être contre productif ne sera pas pris aujourd'hui. Ouf ! Mais peut-être aussi dommage !

 

 

Bon courage ! Et bonne mobilisation contre la transcription de l'ANI dans la loi !

 

Théo DUCHON.

 

Tag(s) : #Tribune, #fascisme
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