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 Manifestation hier organisée par Frigide Barjot.

Diversion de la droite, complicité objective avec le gouvernement PS ?

 

Quelle stupeur le jeudi 21 mars !

 

Nous diffusions, au Pont de St Cloud, un tract du Front de Gauche contre l'austérité. Nous avons voulu couvrir aussi la sortie du métro vers le jardin Albert Khan. nous sommes alors tombés sur une diffusion de la droite, menée tambour battant par une femme médecin, contre la loi Taubira.

 

Les gens, pour la plupart, ne comprenaient pas notre message brouillé par un « contre la loi Taubira ! ». Nous y reviendrons.

 

J'ai évoqué, dans le titre de cet article, la possible complicité objective de la droite avec le gouvernement. Cette complicité était bien là, lors de leur vote commun du TSCG. Mais, le point de bascule absolument cruciale et visible du gouvernement vers la droite, ce sera la transcription dans la loi de l'ANI, et ce prochainement au mois d'avril. Ce vote se fera probablement grâce aux voix de la droite. Sapin a exprimé très récemment sa volonté que cette loi soit applicable en mai...

 

En observant d'un œil distancié, depuis des mois voire des années, se dessine un véritable axe libéral, même un véritable programme commun entre la droite et les sociaux-libéraux (voir dans le blog,entre autres, la rubrique MEDEF, feuilleton N°10 « Poison d'avril ! » et avant-propos des feuilletons).

 

Le mariage pour tous, qu'est-ce pour l'appareil solférinien ?

 

Un moyen de se différencier superficiellement de la droite et de se faire attribuer parfois avec complaisance et à peu de frais, un certificat de gauche.

 

Le seul grain, que l'appareil solférinien, peut moudre pour tenter de se différencier de la droite, ce sont les problèmes sociétaux. D'ailleurs, une partie de la droite fait preuve de mauvaise foi, car elle adhère à ces réformes de société. L'essence du libéralisme, n'est-il pas de lever toutes barrières (sauf celles de la propriété) , afin que les profits soient exponentiels ? 

 

Ce grain sociétal à moudre, permet au président normal et à son gouvernement de se lancer tranquillement dans une frénétique spirale toute sarkosienne, contre-réformiste et libérale (retraites, décentralisation, inspection du travail et c.).

 

C'est ce mélange sociéto-libéral absolument mortel, qui donne des points à l’extrême droite et nous disqualifie lorsque nos projets alternatifs deviennent inaudibles, faute de les exprimer haut et clair, parce qu'on penserait qu'il faut ménager les sociaux libéraux.

 

Ne pas les froisser pour les aiguillonner dans le bon chemin, c'est une illusion fatale ! Le chemin hors des sentiers de la gauche, Hollande et les siens l'ont avalisé depuis des décennies (Lire « En quête de gauche » de J-L Mélenchon)

 

Les « quand même, ils font des efforts du côté sociétal, on ne peut pas dire qu'ils ne sont pas de gauche », prennent appuis soit sur de graves erreurs d'analyse, soit sur des calculs politiciens pour les municipales.

 

Nous (Front de Gauche) n'avons peut-être pas su garder le cap des présidentielles, pendant les législatives. Nous l'avons payé très cher et continuons, jusqu'à maintenant, de le payer cher. Sur les points de diffusions, les gens nous amalgament encore à la majorité politique.

 

Notre horizon, tout du moins dans le cadre du calendrier électoral, ce sont les Européennes et la lutte contre les politiques austéritaires. C'est la mère des combats électoraux et extra-électoraux pour 2014 ! Si nous ne le comprenons pas, nous serons balayés et inutiles à nos concitoyens. Nos projets émancipateurs renvoyés au calendes grecques.  

 

 

Pour en revenir à notre diffusion de jeudi 21, cette femme médecin, caporale jusqu'à la moelle, disait : « Non ! Au mariage, à l'adoption, à la PMA, à la GPA pour tous ».

 

J'ai essayé de mener la contradiction d'abord en lui faisant remarqué le mensonge de son message, écrit en bleu blanc rouge, sur son tract. La GPA (Gestation Pour Autrui) n'est pas dans la loi proposée ! Nous y serions, dans ce cas, opposés ! Il n'est évidemment, pas question que le ventre des femmes deviennent une marchandise ! Lui ai-je dit.

 

Cette femme me répond avec une dose de mauvaise foi, que le mariage ouvrirait automatiquement la porte a la GPA. Je la désarçonne un petit moment en lui opposant que son mode de raisonnement est névrotique.

 

Par ailleurs, je rajoute, que la PMA (Procréation Médicalement Assistée) existe déjà et que la loi ne bouleverse rien dans ce domaine. Elle est focalisée sur le lien biologique et bien qu'elle fasse, sommairement, référence à la psychanalyse, quand ça l'arrange, elle ne veut pas comprendre qu'il existe un distinguo opérationnel entre la fonction génitrice et parentale.

 

Je lui ai donné des exemples homoparentales où les liens épanouissants avaient produit des citoyens adultes, sans problèmes apparents et, qui plus est, hétéros. Elle les balaie d'un revers de main.

 

Elle est médecin et considère qu'elle sait tout. Elle s'obstine à parler du problème d'identité des gens, qui ne connaissent pas leurs parentés biologiques et de l'adoption, point à la ligne.

 

Or, le problème de l'adoption, avec ce que l'adoption cristallise chez ses protagonistes, est un autre débat. Nos contradicteurs sont-ils prêts à assumer l'interdiction totale de l'adoption (interdiction pour tous) pour éviter tout problème ?

 

Le cheval de bataille de cette militante, c'est l'adoption et la GPA.

 

Comme le droit à l'enfant (droit que nous récusons !) serait, pour eux, au cœur du mariage pour tous. Le droit d'adoption (selon cette militante) impossible, pour les couples homosexuels, mènerait à la GPA.

 

Adoption que son mouvement compte interdire aux couples homosexuels et qui, de par cette interdiction, alimente justement leurs craintes imaginaires de GPA comme seule voie à l'enfant. Elle parle de l'Ukraine et de la Roumanie où la GPA se pratiquerait. Je lui oppose les interdictions. Elle me parle des contournements et de la pente inévitable vers...

 

Jusqu'à présent, les individus fracassés par la famille, étaient issus de familles uniquement hétérosexuelles. Elle le dénie aussi.

 

Je lui explique que les couples homoparentaux demandent avant tout, par le mariage, des droits pour protéger les leurs. Je lui cite des associations familiales proches de l'UMP, qui ont défendu pour cette raison cette loi et se sont, pour le coup, éloignées de leur camp traditionnel. Constatant la mauvaise foi de certains dans leur camp, ils ont manifesté pour le droit au mariage pour tous.

 

Cet argument, du droit pour les personnes, ébranlait son argumentation. Cette dame n'étant pas homophobe, sa seule issue fut le déni.

 

Cependant, mon argumentaire était, à mes yeux, incomplet, car pas assez dans la radicalité. Je m'explique. Nous ne sommes pas des supporters du mariage et c'est bien la protection et le droit des personnes, qui nous préoccupent. Et, en restant au milieu du gué, nous ne pouvons déconstruire suffisamment les positions de nos adversaires et restons à la remorque des sociétaux libéraux.

 

Notre souci devrait être de fonder économiquement la mise en œuvre des droits de la personne, en l’occurrence contre le patriarcat. La seule manière serait de donner à chacun, depuis sa naissance, un revenu d'existence pour vivre dignement et libre de tout lien marchand. (Cette revendication fait débat et n'est pas tranchée au sein du PG). Avec le revenu d'existence, le mariage peut alors être aboli. Plus de crainte du lendemain pour ses proches. La famille existera toujours, mais sur d'autre base que le patriarcat.

 

À partir de là, vous imaginez comment le code civil serait nettoyé (mariages, divorces, héritages, la propriété et c). Libre à tous de vivre comme ils veulent. La violence faite à l'enfant et à la femme n'aurait plus de socle marchand, et ne pourrait plus du tout se camoufler derrière le bouclier conjugal et c.

 

Cette dame et les siens crient : « Oui à la cohésion familiale, sociale et familiale ! ». Elle ose avec mauvaise foi proclamer : « on veut des emplois ! Pas la loi Taubira ! ».

 

La droite fait ainsi diversion en se donnant un air d'opposition, justement, parce qu'elle s'apprête à voter avec le gouvernement la transcription de L'ANI. Cette loi inscrira dans le marbre le renversement de la hiérarchie des normes. Et dans le même mouvement, le gouvernement comme l'opposition de droite propulsent un nuage d'encre, tel la pieuvre. Les uns pour cacher leur duplicité libérale derrière du sociétal. Les autres pour atténuer, au yeux de leur électeurs réactionnaires, tout le bien qu'il pense de la voie solférinienne en votant la transcription de l'ANI. Car la droite, sous Sarkosy, fut bien moins efficace pour l'Europe et ses politiques libérales et austéritaires. Nous sommes bien face à une co-complicité objective.

 

Cette situation politique fait sombrer les citoyens dans une grande perplexité. Ils nous l'expriment parfois lors des diffusions.

 

Ce qui fait le jeu, nous ne le répéterons jamais assez, de l'extrême droite. Donc recentrons-nous sur nos fondamentaux !

 

C'est la précarité et la flexibilité, qui nuisent à la cohésion sociale, familiale et en définitive nationale et non le mariage homo, comme le clamait jeudi à Boulogne et hier avec Frigide Bardot la droite traditionnelle.

 

Pour autant, personne ne peut croire que le mariage pour tous règle non plus ces problèmes. Par contre, cette revendication est objet d'instrumentalisations de la part des libéraux, qu'ils s'assument de droite ou pas, comme nous l'avons vu. Seul la radicalité et la clarté nous sortent de ce bourbier.

 

J'ai rêvé de manifester pour l'abolition du mariage, du patriarcat et de l'héritage grâce au revenu d'existence...

 

En début d'article, j'ai posé un constat sous une forme interrogative : L'essence du libéralisme, n'est-il pas de lever toutes barrières (sauf celles de la propriété) , afin que les profits soient exponentiels ? 

 

Cet article appelle une question : avec son projet de « démocratie sociale » (voir MEDEF, feuilleton 10), ce gouvernement, libéré du cléricalisme tout en ayant rejeté la lutte des classes, ne serait-il pas le plus apte à mettre en œuvre le libéralisme ?

 

Ne vous laissez pas distraire ou enfumer ! Soyez nombreux contre la transcription de l'ANI dans la loi ! C'est au cœur de nos combats !

 

Bon courage !

 

Théo DUCHON.

 

Tag(s) : #Tribune, #fascisme
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