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Que nous apprend Fukushima ?

La leçon retenue par les médias est qu'il faut continuer à refroidir un réacteur, même à l'arrêt. C'est ce que retient la commission ad-hoc nommée opportunément par notre précédent président. Et on ajoute quelques recommandations à la sûreté de nos centrales.

 

La vraie leçon, c'est qu'il est arrivé une combinaison d'évènements que nul n'avait imaginé dans aucun scénario. C'est notre incapacité à anticiper l'accident rare que cette catastrophe met en évidence. La prochaine catastrophe nous surprendra encore. On nommera une commission ...

 

La seconde leçon est que le gouvernement d'un pays libéral développé est incapable d'assurer la protection de ses populations. Regardez «  Fukushima une population sacrifiée »

http://lcp.fr/95446

A Tchernobyl, on évacue les populations, à Fukushima, on remonte les seuils légaux.

Que nous a appris Tchernobyl ?

Mikail Gorbachev explique dans « La Bataille de Tchernobyl », qu'il a envoyé une noria de mineurs afin d'évacuer l'eau sous le réacteur, pour que celui-ci n'explose pas si le magma tombait sur la nappe. Un réacteur civil, dans une situation incontrôlée, peut donc se transformer en une monstrueuse bombe sale. La conséquence aurait été la fin de l'agriculture en Europe pour quelques millénaires. Merci aux mineurs de l'Union Soviétique, pour lesquels il n'existe aujourd'hui aucun suivi médical.

Que nous dit Georges Charpak ?

Dans son livre « De Tchernobyls en Tchernobyls », ce prix Nobel de physique (pour ses travaux en physique nucléaire) explique que les réacteurs de la deuxième et troisième génération sont, pour pouvoir fonctionner, intrinsèquement instables. Pour qu'ils ne divergent pas jusqu'à l'explosion, il faut qu'ils soient dynamiquement contrôlés. On ajoute quelques dispositifs d'urgence, qui ne changent pas fondamentalement le risque. En multipliant les réacteurs, on sait que statistiquement, il est probable, au regard de l'imperfection des systèmes humains complexes, et de la baisse de vigilance inhérente à de longues années sans accident que d'autres réacteurs exploseront.

AREVA avait imaginé mettre le pilotage et le contrôle de l'EPR dans un seul et même système, pour réduire les coûts...

Quatrième génération, l'imposture

Pour répondre au défaut fondamental que constitue cette nécessaire instabilité, on a imaginé au Canada et aux États-Unis, des réacteurs intrinsèquement stables, refroidis au plomb, et dont les déchets auraient une demi-vie de 800 ans (30000 ans pour le plutonium de nos centrales). Cette « quatrième génération » pourrait être ainsi considérée comme acceptable, le réacteur s'éteignant de lui même en l'absence de tout contrôle.

Or ce que l'on nous vend en France sous ce label c'est la résurrection des réacteurs à neutrons rapides, de type Super-Phénix. Non seulement ces réacteurs sont instables, mais leur temps caractéristique de divergence est bien plus court que celui des réacteurs actuellement en service. On a encore moins de temps pour réagir à un accident. De plus les déchets produits seraient aussi ingérables que ceux de la génération actuelle.

 

Jean Borsenberger

Tag(s) : #Tribune, #Écologie, #Nucléaire
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